Les plantes médicinales, utilisées depuis longtemps par les Premières Nations, connaissent un regain d’intérêt depuis plusieurs années. Malheureusement, la demande croissante induit une augmentation de la récolte et menace ainsi les populations naturelles. La culture sous couvert forestier permet de protéger ces dernières tout en offrant la possibilité aux propriétaires de peuplements forestiers de les valoriser. Cependant, le manque de données technico-économiques concernant la viabilité de ce type système agroforestier nuit à son adoption.
Nous avons donc effectué, conjointement avec Jean Arsenault, un producteur de Saint-Jean-Chrysostome, une étude de cas portant sur son site agroforestier associant des arbres feuillus à des plantes médicinales telles que l’hydraste du Canada (Hydrastis canadensis), l’asaret du Canada (Asarum canadense), la sanguinaire du Canada (Sanguinaria canadensis) et le ginseng à cinq folioles (Panax quinquefolius).
L’objectif de l’étude était d’évaluer sa viabilité économique afin de soutenir les propriétaires ou les conseillers en agroforesterie intéressés par la culture de plantes médicinales sous couvert forestier. Les données récoltées entre 2007 et 2014, puis en 2021, portaient notamment sur le nombre d’heures de travail et leur répartition au cours de l’année pour les différents types de travaux, le rendement des espèces cultivées, les dépenses et les revenus. Ces données ont permis d’étudier la rentabilité annuelle du site dans son ensemble ainsi que la rentabilité au mètre carré pour différentes espèces de plantes médicinales.
Les résultats démontrent que l’association de plantes médicinales d’ombre et d’espèces ligneuses commerciales fournit un revenu complémentaire non négligeable au producteur sur une petite surface cultivée avec soin. Celui-ci varie toutefois grandement selon les espèces, allant de 25 CAD/h pour la sanguinaire à 85 CAD/h pour l’asaret. Bien qu’ils soient issus d’un seul producteur, les résultats mettent en relief l’importance des savoirs et des savoir-faire acquis par les producteurs et la nécessité de les valoriser afin de permettre le déploiement de ce type de système agroforestier pour lequel les connaissances scientifiques restent très éparses.
Laisser un commentaire